Histoire de Chapet

Chapet, son origine, ses habitants

L’origine du terroir

A une époque reculée, les rives de la Seine étaient habitées par des animaux appartenant à des espèces aujourd’hui disparues, des pachydermes herbivores de taille gigantesque ; le grand hippopotame, le mammouth, ainsi que l’aurochs dont en 1895, près du barrage de Mézy, des pêcheurs  ramenèrent dans leurs filets une corne d’un de ces animaux, mesurant 0.45 m de long sur 0.30 m de diamètre.

Devant la colline sur laquelle se dressait autrefois le château des comtes de Meulan, s’étend une vaste plaine ou à l’époque préhistorique devaient exister des tribus celtiques, ou des populations qui les ont précédées.

De ces phases successives, on retrouve des pierres taillées et polies, des pointes de flèches, des outils en silex et des cornes de cerf.. Ces objets permettent d’établir que les deux rives de la seine étaient habitées dès les temps géologiques par des populations Celto Gauloises.

En 1890, Mr Braut, serrurier aux Mureaux, en plantant un arbre dans son jardin, rencontra l’extrémité d’une dalle ; voulant en connaître les dimensions, la dégagea, en trouva une autre et plus tard, sous la direction du docteur Verneau du muséum d’Histoire naturelle mit à jour un dolmen de plus de 9 mètres de long  emplis d’une grande quantité d’ossements.

Cette partie de la gaulle  fut conquise par César en 58 avant JC.

Un peu d’histoire :

Sur le territoire de la commune on trouve des objets de la période de la pierre polie, et il existe un champ de sépultures de l’époque mérovingienne duquel ont été tiré des sarcophages en pierre et en plâtre et différents objets.

A l’époque Gallo-Romaine, des débris d’équipements militaires, des fragments de poterie, des monnaies, dont l’une à l’effigie de l’empereur Valens, attestent du séjour des légions romaines sur les rives de la Seine aux premiers siècles de l’ère chrétienne.

Cinq grandes routes conduisaient de l’Italie en Gaule dont une passait près des marais d’Hardricourt  et aboutissait aux Mureaux, en traversant le territoire d’Evecquemont, Vaux, Triel, et par des crochets, allait à Poissy.

Dans cette plaine des Mureaux, Rolf Le Marcheur battit, en 885, l’armée des « FRANKS » commandée par le duc Ragnold et le Roi de France Louis VII, y fit camper ses troupes au mois d’août 1150.

Les invasions austrasiennes et normandes achevèrent ce qu’avaient commencé d’autres conquérants et les terres des alentours restèrent sans culture, ainsi que le constatent, les titres des monastères voisins, par les grands travaux de défrichement entrepris dans la plaine.

A la fin du dixième siècle, alors que se rebâtit une foule de villages détruits pendant la dernière invasion germanique, le pont de Meulan fut reconstruit et il est permis de penser qu’à cette même époque eut lieu l’établissement d’un nouveau centre de population dont des documents constatent l’existence sous le nom de Murets ou Muriaux, est devenu, par sa situation, le siège d’un commerce important.

Le nom du village : Composé de quelques maisons, Chapet est mentionné à partir du IXème siècle, mais son histoire, la plus anciennement  connue remonte au XIIème siècle. Il existe deux hypothèses quant à l’origine du nom de notre village :

– Une origine germanique (probablement franque), qui nous est donnée par un ouvrage d’étymologie géographique de Seine et Oise datant de 1876 : Chapet signifierait « Pointe de bois » : de «Coat» le bois et de «Pecq», « qui se termine en pointe», Chapet s’est enfin très longtemps situé à la pointe d’un bois qui couvrait toute la commune actuelle d’Ecquevilly. Chapet, en latin Chapetum et dès 1125, en vieux françois, Chappet, Chapette et en fin Chapet  est notre village bâti sur le versant d’un coteau qui domine la plaine des Mureaux.

– Une origine latine « Chapetum» – la chape / la cape / la tête – étymologie commune  avec le nom de famille Capet (Hughes Capet premier roi de France en 981), ce qui ne signifie pas pour autant que le village remonte à l’époque romaine, le latin ayant été parlé fort tard, avant de laisser place à l’ancien «françois», puis au français.

Notons que le nom de notre village a changé deux fois (Chappet, Chapette) avant de prendre sa forme actuelle.

Il est fait mention de Chapet dès IXè mais ce n’est qu’au milieu du XIe siècle, qu’apparaissent les premières traces historiques de ce centre de population. Le village de Chapet, composé de quelques maisons, est mentionné en 1058 dans une chartre de donation du comte de Meulan Hughes II, au monastère de JUMIEGES. Il est fait mention aussi de la terre de Chapet au  XIIe ou  Le comte de Meulan l’érigea en chatellerie (vers 1106).

Ce fut un fief appartenant à la famille de Poissy dont Robert de Fresnes, fils de Richard de Neauphle fut le premier seigneur.

Le village, alors peu important, ne possède aucune demeure seigneuriale. Quelques maisons groupées autour d’une petite église, un four banal, un moulin à vent et vingt livrées de terres labourables, composaient la seigneurie de Chapet.

Ecquevilly s’appelait primitivement Fresnes, nom qui rappelle l’origine forestière de l’essence de l’arbre particulier, le Fresnes (ou frêne) qui fut probablement l’objet d’un culte quelconque profondément enraciné dans cette contrée. Demeure de cette époque le lieu dit « la mare de Fresnes » sur le coté Chapet du hameau de Brezolles.

La terre de Fresnes était possédée dès le début du XII siècle, par une famille qui se rattache par une alliance à la maison de Poissy.

Les comtes de Meulan favorisent de tout leur pouvoir le culte de Saint Nicaise dont ils réussissent à posséder les reliques.

Le premier Galéran élève en son honneur un prieuré et une église et la dédicace le 28 octobre 1067 en présence du roi Philippe 1er.

Les constructions sont terminées en 1120. Galeran II continue aux moines ses largesses, leur accordant en 1152, une part des droits seigneuriaux. Quant le pape Alexandre III, en 1164, confirme toutes ces donations, il apparaît que le prieuré de Saint Nicaise a multiplié ses possessions et  jouit de revenus confortables.

Dans leurs possessions figure Chapet dont les profits sont confortables, « Dîmes du blé, du vin, vos hôtes, le cens, les terres et les vignes ».

En 1157, Hugues le Roux, tout en conservant la suzeraineté du fief de CHAPET, (le seigneur devait «foi, hommage et cheval de service » envers le châtelain de Fresnes) détacha de son domaine la terre de Chapet, pour en doter ses deux filles, Pobelle et Aalis.

Pobelle, devenue veuve et n’ayant pas d’enfant fit donation au prieuré de Saint-Nicaise, vers l’année 1190, de l’église de Chapet, d’un moulin situé au lieu nommé « Maunny » et d’une certaine quantité de terres de sa seigneurie.

En 1195, l’évêque de Chartes rappelle les biens que les moines de Saint Nicaize possèdent à  Chapet. Manifestement ceux-ci ont élargi leurs implantations depuis les libéralités que Pobelle et Aalis leur ont accordées.

En 1221, Thibaut de Sailly, fils d’Aalis, neveu et héritier de la dame Pobelle de Chapet confirma le don au Prieuré Saint-Nicaise dans laquelle était compris le moulin nommé Maunny, situé à Chapet. Puis, au mois de novembre 1228,  les moines de Saint-Nicaise obtinrent de Robert de Fresnes, seigneur suzerain, les lettres d’amortissement au sujet de cette portion de fief.

En 1225, Gautier de Longuesse, confirme à saint-Nicaise, une rente à prendre sur ses cens et revenus du village de Chapet, qui avaient été donnés par sa mère Aalis en 1224.

Certain alors de jouir paisiblement de l’aumône faite à son monastère, le prieur de Saint-Nicaise envoya à Chapet en 1228 quelques-uns de ses religieux pour y établir une exploitation, que leur livre censier décrira ainsi, «.. en la ville de Chapet appartenant à Mgr Saint Nicaise de Meullent (Meulan) toutes les dimes généralement de toutes choses, un manoir avec pourpris et fossés, pressoir, jardins, friches, moulin, moutonnage, hommes et hostes (habitants), maisons et XXIV arpents de terre en divers champtiers à Brézolles »

Auprès de l’église, agrandie par leurs soins, ils installèrent une vaste métairie. Un fossé rempli par les eaux d’une source qui coulait de la colline, défendait de trois côtés le pied de l’enceinte désignée sous le nom de « pourpris ».

Le quatrième côté, adossé à cette colline, était occupé par l’habitation principale et protégé par plusieurs tourelles. A droite, étaient  le colombier et le pressoir, à gauche, les écuries et les communs. Dans la cour, sourdait un ruisseau qui alimentait le vivier et déversait son trop plein dans les fossés de l’enceinte.

Le prieuré contribuera au développement du petit village.

Ies moines reçoivent des vignerons,  pour le pressoir, la redevance en vin due au seigneur, cinq pintes par muid récolté dans la seigneurie, une pinte valant 0.931 litre et un muid, 268 litres.

Au bas, dans la vallée, était bâti le vieux Chapet. On en retrouve, au XIV siècle, les ruines croulantes parmi les débris de fours, des âtres de feu et des fondations de maisons abandonnées, conséquences des guerres civiles et des invasions anglaises.

En mai 1237, Thibault de Sailly confirma devant le doyen du chapitre de Notre Dame de Poissy, la vente faite à l’abbaye d’Abbecourt, par Robert des Alluets, d’une maison, d’un droit de pressurage et de deux vignes faisant partie de l’héritage de la seigneurie de Chapet.

La même année le seigneur de Chapet, fit la cession, « moyennant XV livres parisis de rente » tous les droits de fief sur les héritages vendus, de telle sorte que l’abbaye d’Abbecourt, put en jouir librement et construire un pressoir. Seule la chapelle fut chargée d’une aumône de quatre pintes de vin dues aux vendanges.

Les dîmes de Chapet et de Brézolles, d’après un acte non daté de l’évêque de Chartes se prélevaient sur le pressoir, les jardins, le moulin, le cens des maisons et sur XXIX arpents de terre répartis sur les champtiers de Brézolles, Bésanger et la Vallée.

C’est alors, que quelques difficultés survinrent, mais les habitants de Chapet savent, à l’occasion, défendre leurs droits contre les moines quand ceux-ci prétendent leur imposer le droit de « coutume », comme à ceux qui apportaient leurs denrées sur le marché du jeudi qui se tenait au Fort de Meulan ; mais les habitants de Chapet voulurent en être exemptés, pour cela ils se réclamèrent de la charte donnée au prieuré par Galéran II, laquelle les en exemptait.

Après enquête et sur le rapport de Nicolas de Verneuil, clerc du roi, la cour en sa réunion de la chandeleur de l’année 1266, maintint les « manants » et habitants de Chapet dans leur exemption en vertu de la réserve faite à ce sujet dans le legs fait au monastère par la bienfaisante personne Pobelle ancienne dame du lieu.

Les textes décrivent bien la prospérité qui règne dans la contrée avant la guerre de 100 ans et les ressources que les Bénédictins de Saint-Nicaise tirent de leur métairie de Chapet, en particulier le vin dont ils approvisionnent  leur maison mère de Normandie, l’Abbaye du Bec.

Il n’est pas interdit de penser que les autres religieux installés à Chapet, ceux d’Abbecourt et ceux de Vaux-de-Cernay, appréciaient tout autant le bon rendement des terres à vignes.

Par une chartre du mois d’aôut 1250, Guillaume donne à l’abbaye d’Abbecourt une pièce de vigne, «la Grou de Rambert », moyennant VI deniers de cens annuel. L’année suivante, Robert de Poissy permit à l’Abbaye de posséder jusqu’à vingt sols de rente annuelle dans la seigneurie de Chapet.

Pierre des Essarts, petit-fils de Guillaume déchargea l’abbaye, par lettre de l’année 1340 «des droits de champart et de pressurage » qui lui étaient dus par le territoire de Chapet à cause des biens de ce monastère de son fief.

Au XIVème siècle, la plaine des Mureaux jouissait d’une certaine prospérité, les vignerons étaient nombreux, car la culture de la vigne y occupait une place importante.

Un sanctuaire témoigne de la dévotion mariale de nos ancêtres, c’est la chapelle dédiée à Notre Dame des Neiges. On y accédait en longeant les bois de Bécheville par le chemin qui en garde encore aujourd’hui le nom alors que l’édifice a complètement disparu.

La Chapelle fut vraisemblablement fondée par les Bénédictins de Saint-Nicaise de Meulan qui possédaient, dès le début du XIIIe siècle, une vaste métairie près de l’église de Chapet. Aucune charte, aucun censier de Saint-Nicaise ne parle clairement de Notre-Dame des Neiges. Mais l’instituteur de Chapet, chargé d’envoyer à l’exposition de 1900 un bref historique de son village, écrit qu’il distingue à plus d’un Km de la ferme des moines, un ensemble de bâtiments où se trouvait une chapelle dédiée à Notre Dame des Neiges et il ajoute, «  Le dire des anciens du pays, corroboré par un examen attentif du sol en fait foi. De larges fossés, dont quelques parties subsistent aujourd’hui et qui ont encore en certains endroits près de 3 m de profondeur, formaient le périmètre d’un carré d’environ 150 m de côté, à l’intérieur duquel se trouvaient les constructions du monastère. Un four, parfaitement conservé en 1865, confirme la tradition qui apporte que les moines avaient fait de la céramique. Le monastère fut abandonné et détruit au début du XIVe siècle, cependant la chapelle exista jusqu’en 1793.

Cette Chapelle, dédiée à Notre dame des Neiges, est bâtie sur le territoire de Chapet, vers la seigneurie  de Verneuil, et chaque année, le 5 août, il se tenait autour de ce modeste ermitage une fête champêtre, nommée « l’assemblée », à laquelle accourraient, en foule les jeunes villageois des environs, pour danser sur l’herbe, à l’issue des vèpres. Malgré que la fête ai lieu en août, nul ne s’étonne que l’on parle de neige à cette date car le curé raconte aux pèlerins la légende : à Rome, au plus fort des chaleurs de l’été, une couche de neige a marqué l’endroit où s’élèvera la future basilique de Sainte Marie Majeur. Le souvenir de ce miracle passa plus tard du calendrier romain au calendrier universel.

Tout cela tomba en désuétude à la suite des guerres qui obligèrent les moines de St-Nicaise à céder les biens qu’ils possédaient en ce lieu.

La région revient définitivement aux français en 1411. Depuis les violences commises par Edouard  II en 1346, la guerre, chez nous, a bien duré 100 ans.

A la folie des hommes, la nature a joint ses dérèglements. La Seine gèle en 1423 (dix huit jours) et à nouveau en 1432. Les loups rôdent dans les villages et les villes pendant l’hiver 1434-1435, années de misère. En 1438, tous les malheurs se conjuguèrent : crue de la Seine au mois de mai, épidémies qui durèrent jusqu’au début de 1439, haut prix des grains enfin qui rendirent tragique la disette.

A Pris, le sétier de froment de première qualité (156 litres) qui valait 20 sous parisis le 27 mars 1436 passa à 64 sous le 13 juin 1437, culmina à 112 sous en mai 1438. L’historien Marcel Lachiver  décrivait ainsi la situation comme « Partout la désolation et le dépeuplement : on peut estimer qu’en un peu plus de cent ans, de 1328 à 1450, la population des campagnes a diminué de 30 à 50 % car beaucoup de paysans ont fui vers les villes.

Dans le cours du XVe siècle, la terre de Chapet, n’eut pas de seigneur particulier. En 1449, elle était comprise dans les vingt-et-un fiefs relevant de la seigneurie de Fresnes.

En 1505, Charles d’O fut seigneur de Chapet.

En 1511, l’Abbaye de Vaux-de-Cernay, y possédait le Manoir du Rouillard « avec une maison, cour et jardin à Chapet et le fief de Bavencourt (Bazincourt à Chapette).

Jacques Bourdin, notaire et secrétaire du Roi, l’acquit en 1532 et en rendit « aveu et dénombrement » à Etienne d’O seigneur de Fresnes. A Jacques Bourdin succéda Noël Brulart seigneur de Crosne lequel transmit la seigneurie de Chapet à son fils aîné Pierre, qui la vendit ensuite à Jacques Ollier, seigneur de verneuil.

Le fief de la Muette, appartenait en 1551 à la seigneurie de Fresnes (Ecquevilly), d’une superficie de 653 arpents de terre labourable. Il comprenait, outre le moulin arrêté depuis 1900, le parc, la garenne et la ferme de Brézolles qui est devenu le fief de Brézolles puis le  hameau de Brézolles.

Le droit de banalité du moulin de Chapet, construit au bas de la clôture du parc du Château d’Ecquevilly, avait été établi par les « aveux de dénombrement » des 8 avril 1546, 22 février 1449, 3 août 1638 et 16 août 1737.

Jacques Ollier issu d’une grande famille de parlementaires dont l’ascension dans la noblesse de robe s’est opérée avec rapidité, acquiert en 1605, de louis Brulart, la terre de Chapet  et la ferme appelée le Brouillart, en échange de 1 000 livres de rente. Le roi lui accorde, en janvier 1607, d’y rétablir la justice moyenne et basse. C’est l’époque où la petite église de Chapet est relevée de ses ruines, grâce à la générosité des Ollier et, bientôt après, voici ce que nous apprend le plus ancien registre de catholicité.

«  Le trentième jour d’octobre 1619, fête solennelle de l’église Saint Denis de Chapet, a eu lieu la bénédiction de deux cloches de la dite église par moy Amaury, curé de Fresnes. La première et la plus grosse fut nommée Marie, elle eut pour parrain Jacques Ollier, seigneur de Chapet, et pour marraine Marie Dollu, son épouse, représentée par J. Roublard, receveur de la ferme.

Le curé de Fresnes, entretenait un vicaire à Chapet et suivant une transaction du 22 janvier 1622, sur les dîmes de Fresnes et de Chapet, il prélevait un tiers de la dîme de cette paroisse, les deux autres tiers revenaient au prieur de St-Nicaise, gros décimateur du lieu.

En 1631, au décès de Jacques Ollier, les revenus de la terre seigneuriale de Chapet sont estimés à 25 000 livres. C’est sa femme Marie Dolu qui en hérite.

En 1644, un procès l’oppose à Louis Romé , seigneur de Bazincourt. C’est elle qui, en 1645, rend foi et hommage pour la terre de Chapet à Pierre Hennequin, seigneur de Fresnes. En 1658, elle achève la restauration de la petite église. Après un an de travaux, les frais s’élèvent à 1 051 livres où est comptées la paie journalière des ouvriers de la pierre de taille à raison de 2 sols 6 deniers le pied cube. Dépourvue de clocher, les cloches étaient suspendues par les deux baies du pignon. A la révolution il n’en restait plus qu’une.

Notre modeste église doit son petit clocher de charpente et sa cloche au comte Daru. Elle fut bénite le 25 juillet 1859 par M. l’abbé Ducorps, curé de Meulan.

En 1698, la terre de Chapet fut saisie par le seigneur de Fresnes « faute d’honneur et de devoir fait. ».

Le 10 septembre 1718, Louis Pierre Romé rachète aux descendants de la branche cadette des Ollier les trois quarts de la seigneurie de Chapet. Il rachète aussi le 12 mars 1720,  à Etienne Périnet, seigneur de Vienne, le reste des terres de Chapet. Par ce rachat, Louis Pierre de Romé a réussi à remembrer le patrimoine des Aleaume partagé en 1598, puis mis en morceaux par de multiples divisions.

En 1765, Mr de Romé vendit la terre de Chapet à Mr Randon de Lucenay.

Le 2 septembre 1776, Philippe Le Roux signe un bail avec Mr de Lucenay, pour « prendre à ferme » la banalité de Chapet dans laquelle est comprise celle de Bazincourt, celle-ci appartenant à Mme Sénozan.

Il est convenu qu’il lui donnera 270 livres par an, tant que durera leur bail. Or en 1783 on découvre qu’il n’y a pas de banalité Bazincourt, et aussitôt une grande contreverse s’engage. On fouille les archives qui révèlent d’anciens pressoirs banaux à Bazincourt, que les Romé ont par la suite détruits et transférés à Chapet. Et Chapet n’appartenait pas à Mme de Sénozan.

On imagine alors une solution : contraindre les habitants de Bazincourt à venir pressurer leurs raisins à Verneuil.

Mais les habitants de Bazincourt  déclarent que jamais ils n’iront pressurer leurs vendanges à Verneuil. On propose un second expédient : obliger M de Lucenay à construire un pressoir banal à Bazincourt. Tous les vignerons de proclamer qu’il n’y a pas de pressoir banal à Bazincourt, et qu’ils ne connaissent que celui de Chapet. Mr de Lucenay est condamné à indemniser Mme de Sénozan.

Les gardes-chasses approvisionnent le château en gibier et tuent les bêtes nuisibles dont ils apportent, avec preuves à l’appui, la liste au régisseur qui les rétribue en conséquence :

Voici le tableau de chasse du garde de Bazincourt en 1787 :

3 blaireaux, 8 renards, 2 chiens, 4 fouines, 15 chats, 9 hermines, 5 putois, 7 chouettes, 1 émouchet, 38  geais et corbeaux et ce pour un total de 49 livres.

En mai 1783, Mme de Sénozan obtient du marquis de Soyecourt ses droits de justice sur la majeure partie de Vernouillet, Brézolles et Marsinval et se fait céder l’office notarial de Chapet  de ces mêmes villages.

D’après la déclaration des religieux de St-Nicaise faite le 5 mai 1790, les biens dont ils jouissaient sur la paroisse d’Ecquevilly  comprenaient « les deux tiers grosses, menues et vertes dîmes de la paroisse de Chapet », qui était affermée au sieur Dufour. Elle était grevée, tant pour le curé d’Ecquevilly que pour le vicaire de Chapet.

Vint la tourmente révolutionnaire ; voici des extraits d’une lettre que rédigea la municipalité de Chapet dans sa séance du vingt-sept frimaire AN II, adressée à la Société Populaire de Meulan : « …Citoyens, le citoyen Lucenay, détenu depuis quelques temps, dans l’Abbaye de Paris, est peut-être une victime de la malveillance. Car ami de la patrie, il a toujours couronné ses actions par des bienfaits, il a favorisé, de tout son pouvoir les commencements de notre sainte révolution, ayant été nommé commandant de la Garde Nationale de notre commune….

Instruit que la première réquisition était prête à partir contre les ennemis de la patrie, il a voulu seconder leurs besoins, il a fait un nouveau don aux citoyens de notre commune, d’une somme de 150 Frs, preuve qu’il a toujours les mêmes dévouements au bien de la république… ». Nous ne savons, si cela a servi à obtenir la liberté de Mr de Lucenay, mais ce qui est certain, c’est que les biens qu’il possédait sur Chapet furent confisqués par l’Etat. Et cependant Mr de Lucenay avait dès le 11 vendémiaire An II, délivré quittance de la remise aux habitants de Chapet de tout ce qu’ils lui devaient. La période troublée finissant,  les biens confisqués furent vendus. La terre de Chapet fut acquise en même temps que celle de Bécheville par un nommé Bidermann, riche négociant.

Revendues quelques années après, elle suivit la fortune de celle de Bécheville qui fut acquise par Mr le Comte DARU, auquel succéda son fils, Mr le Baron DARU, pour venir dans les mains de Mr Félix Dehaynin.

Au début du XX, le vieux manoir de Chapet est délaissé depuis longtemps et n’est plus qu’une ruine. Depuis ce bâtiment a été entièrement rénové

Seul des traces de son enceinte, les écuries et l’ancienne grange seigneuriale restent debout.

Le colombier et le pressoir banal ont été démolis. Une friche occupe la place où jadis s’élevait la tour carrée qui était la marque du fief. Le vivier est rempli par les herbes.

Seule l’église paroissiale demeure. Cet édifice est un mélange trois époques de constructions différentes.

La chapelle consacrée à la vierge est une survivance de l’église primitive ;  Au milieu du XIII siècle une seconde nef, dont la voûte du sanctuaire est un reste, vint s’ajouter à l’église  primitive.

Enfin, une grande restauration, due aux libéralités de Mme DOLLU femme de Jacques Ollier seigneur de Chapet et de Verneuil fut entreprise en 1659.

Cette église a été dédiée à Saint DENIS, meilleur ami de Saint Nicaise, le 30 octobre 1619.

De cette époque, il subsiste un surnom aux habitants de Chapet « Les renards ».Cela remonte au célèbre colloque de Poissy en 1561  où le père Jacques Layné traita les réformés de singes et de renard. Ce surnom serait dû aux faits que de nombreuses familles protestantes y étaient venues s’y établir.